11 janvier 2015 : le jour où le FN s’est mis hors jeu tout seul

Ce 11 janvier 2015 restera à n’en pas douter dans nos mémoires comme un moment historique, d’une incroyable charge émotionnelle, dans lequel la France, rejointe par le monde entier, a communié d’une communion laïque et profonde face à la barbarie.

Ce 11 janvier 2015, nous avons tous envie qu’il soit le début d’une ère nouvelle, apaisée, dans laquelle tous les Français se remettraient à construire ensemble, plutôt que de sans cesse s’opposer violemment les uns aux autres, dans laquelle ils se remettraient à croire en eux plutôt que de sombrer dans le pessimisme décliniste cher à Zemmour, dont le discours a pris hier une claque monumentale assénée par près de 4 millions de marcheurs – ou de piétineurs, tant il fut difficile de progresser ne serait-ce que d’une poignée de mètres dans l’énorme foule parisienne.

Et quelle meilleure fondation pour cette construction future que l’involontaire et éclatante démonstration qu’a apportée le Front National de son extraordinaire décalage avec le peuple en cette occasion ?

Car si Marine Le Pen a voulu nous faire croire qu’elle et ses électeurs étaient abominablement mis à l’écart et honteusement ostracisés, la réalité est bien différente. Comme à son habitude, elle a menti sans vergogne aux Français – en faisant face à une très faible contradiction, comme presque toujours : sur le plateau d’iTélé, elle affirmait ainsi, à la veille de son entretien déjà programmé avec le Président de la République à l’Elysée, qu’elle était exclue de discussions « incluant tous les partis, du NPA à Debout la République », alors que seuls les présidents de groupes parlementaires étaient reçus (soit PS, PRG, EELV, PC, UDI, UMP). Elle affirmait, là encore en déformant la vérité, qu’on interdisait aux millions d’électeurs du FN de défiler, quand on a simplement tenu à l’écart de  l’organisation de la marche le parti FN de. Elle était la seule à réclamer un carton d’invitation pour se rendre à une marche républicaine.

Mais comment pouvait-on associer le FN à l’organisation de la marche ou inviter officiellement ses dirigeants à y participer, quand on connaît les réactions spontanées que différents cadres du parti ont affichées dans les heures et les jours qui ont suivi l’attaque tragique contre Charlie Hebdo ?

Rappelons que dès ses premières déclarations, Marine Le Pen elle-même n’avait que les mots « immigration » et « peine de mort », quand le peuple recueilli silencieusement défendait passionnément la liberté et le vivre ensemble.

Rappelons que Julien Rochedy, ancien président du mouvement jeune du Front et membre du comité central du parti sur cooptation par la présidente Le Pen, détournait dès le 8 janvier le slogan fédérateur #JeSuisCharlie en « Je suis Charlie Martel », formule d’une xénophobie inouïe (les Arabes et/ou les musulmans seraient donc un envahisseur à repousser par la force hors de nos frontières ?), et reprise ensuite par le président d’honneur (sic) du parti, Jean-Marie Le Pen.

Charlie Martel

Rappelons que ce même Jean-Marie Le Pen, dès le surlendemain de la tuerie de Charlie Hebdo, se frottait publiquement les mains du bénéfice électoral qu’il pensait pouvoir retirer des événements, dansant la gigue sur les cadavres de ces journalistes et dessinateurs qui l’ont combattu avec tant de vigueur depuis 40 ans, en publiant ce tweet :

Récup

Pendant quelques jours, on a cru que le FN allait bel et bien réussir à rafler la mise en se plaçant au centre du jeu, la question de sa participations aux défilés prenant une place démesurée dans le débat public. Et puis vint ce fabuleux 11 janvier, où Marine Le Pen, drapée dans son indignation risible et surjouée, choisit de participer à un rassemblement dans la commune de Beaucaire, dirigée par le FN (ah, le confort douillet des manifs à domicile…). La cheffe de l’auto-proclamé premier parti de France a réussi la prouesse de réunir un petit millier de manifestants scandant son nom plutôt que celui de « Charlie » ou des hommes et femmes assassinées, des slogans de rejet (« On est chez nous »), et insultant les journalistes.

A Beaucaire, on a vu le vrai visage de ce Front National prétendument dédiabolisé, prétendument un parti comme les autres, soi-disant meilleur porte-parole des Français. Chacun a pu apprécier le contraste saisissant entre la France grande et magnifique qui a défilé à travers tout le pays pour affirmer sa soif de liberté, et ce petit bout de France rabougrie, rance, repliée sur elle-même et criant des messages de haine. Ces images, ce contraste, il faut les montrer à tous ceux qui ont voté FN hier ou envisagent le faire demain : elles sont la démonstration la plus évidente que ces gens ne sont pas la solution, mais une bonne partie du problème.

6 réponses à “11 janvier 2015 : le jour où le FN s’est mis hors jeu tout seul

  1. Ah ben ça alors… Je savais même pas que tu avais un blog.
    Beau billet!

  2. Mais très bien ce blog bravo pour l’article, très juste!

  3. Un raccourci ridicule de l’actualité … une naïveté déconcertante … j’ai lu Zemmour et si certains de ses points de vue peuvent être discutés, il est essentiellement factuel. J’ai manifesté en tant que « je ne suis pas Charlie », mais en tant que « je suis libre » « je suis français” et donc je ne fais pas parti des 4 millions qui auraient donné une claque à Zemmour … et je n’étais pas seul dans le même état d’esprit. Alors arrêté les amalgames, les raccourcis, les conclusions hâtives …
    Ouvrez les yeux et essayez de comprendre avant de déblatérer.
    La liberté d’expression n’est pas la même vue de gauche et vue de droite.
    Vue de gauche il faut permettre à tous les gens de gauche de dire n’importe quoi et interdire aux autres de s’exprimer.
    Vue de droite la liberté d’expression est universelle et pas à sens unique.

  4. Se permettre de dire à quelqu’un qu’il ferait mieux de réfléchir avant de parler(et donc d’exprimer son opinion), pour ensuite dire, que « vue de droite la liberté d’expression est universelle et pas à sens unique. »

    Typique de la droite, faîtes ce que je dis, pas ce que je fais..

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